Le SIBO
( Small Intestinal Bacterial Overgrowth)
C’est une maladie, qui se caractérise par une prolifération excessive de bactéries au niveau de l'intestin grêle, ce qui peut causer d'importants troubles digestifs.
1) Symptômes
Ballonnements
Flatulences
Douleurs abdominales
Spasmes digestifs
Reflux gastro-œsophagiens (RGO)
Eructations
Nausées
Diarrhées
Constipation
Alternance diarrhée-constipation.
Fatigue chronique
Intolérances alimentaires
Dépression
Angoisses
Brouillard cérébral
Difficultés de concentration
Perte de poids
L’intestin grêle est un organe dévolu à l’absorption des nutriments issus de la dégradation des aliments. En situation normale, peu de bactéries colonisent l’intestin grêle. Le colon, quant à lui, héberge un très grand nombre de bactéries et est une véritable usine à fermentation.
Dans le SIBO, des bactéries intestinales se trouvent en excès dans l’intestin grêle. Il existe alors une véritable compétition pour les nutriments entre l’hôte et ses bactéries intestinales.
Les bactéries sont à l’origine de fermentations des aliments non digérés, d’où la production de gaz.
La pression des gaz dans l’intestin grêle pourrait aussi expliquer une mauvaise vidange de l’estomac et donc, dans certains cas, des reflux gastro-œsophagiens.
2) Les carences
Le SIBO est associé à des carences nutritionnelles surtout les acides gras et les vitamines liposolubles (vitamines A, D, E, K). En effet, les bactéries en excès vont « déconjuguer », c’est-à-dire inactiver les sels biliaires, qui permettent l’émulsion des graisses alimentaires et sans cette étape, les acides gras et les vitamines associées ne peuvent pas être absorbés. La carence en oméga-3, acides gras aux propriétés anti-inflammatoires, est aggravée, ce qui augmente le niveau d’inflammation du corps.
La vitamine B12 est également déficitaire, car il se produit, pour l’utilisation de cette vitamine, une compétition entre les bactéries, qui la consomment pour leurs besoins, et l’absorption intestinale. Les carences en B12 se manifestent par de la fatigue, de la dépression, des troubles cognitifs, de l’anémie mégaloblastique.
La carence en fer, détourné par certaines bactéries, peut générer une anémie microcytaire.
En fait, de nombreuses carences sont fréquentes en cas de SIBO car, d’une part, les bactéries « se servent » en premier et d’autre part, la muqueuse intestinale est enflammée et endommagée et l’absorption des nutriments n’est pas optimale.
L’altération de la muqueuse de l’intestin grêle
En cas de SIBO, le microbiote sain est remplacé par des bactéries pathogènes provenant principalement du colon, ce qui s’appelle la dysbiose. Celle-ci est corrélée avec de l’inflammation qui, interfère avec l’expression des gènes responsables de la sécrétion de mucus.
L’hyperperméabilité intestinale
Le lien entre SIBO et hyperperméabilité intestinale est clairement établi.
La pullulation bactérienne endommage la muqueuse du grêle, le mucus protecteur et augmente la perméabilité. Ainsi, des molécules d’origine alimentaire (des peptides) et des fragments bactériens (les LPS ou lipopolysaccharides) peuvent passer de l’intestin grêle vers le sang et provoquer une réaction du système immunitaire.
Une cinquantaine de maladies sont mises en relation directement avec l’hyperperméabilité intestinale : hypersensibilités alimentaires (communément appelées « intolérances »), intolérance à l’histamine, fatigue chronique, migraines, douleurs articulaires, diabète, obésité, syndrome métabolique, maladies cardiovasculaires, maladies cutanées comme l’acné ou la rosacée, fibromyalgie, dépression, autisme, maladies auto-immunes, etc.
3) Causes médicales
L’altération de la motricité intestinale
Dans le SIBO, la motricité de l’intestin grêle est altérée. Les médecins parlent d’altération du complexe moteur migrant (CMM), ce dernier étant un réflexe qui permet la vidange de l’intestin grêle vers le colon à intervalles réguliers, toutes les 90 à 120 minutes.
Cette perturbation du CMM a plusieurs causes possibles, dont les principales sont :
· une infection intestinale, les bactéries pathogènes secrétant des toxines qui altèrent le CMM
· le diabète : le nerf vague est abîmé par une neuropathie diabétique
· l’hypothyroïdie provoque un ralentissement du transit intestinal
L’hypochlorhydrie (diminution de l’acidité de l’estomac)
Elle peut être à l’origine d’une pullulation bactérienne dans l’intestin grêle. En effet, l’acidité pré-digère les aliments et tue une grande partie des bactéries contenues dans les aliments. L’hypochlorhydrie peut être consécutive à la prise prolongée de certains médicaments comme les IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), médicaments prescrits en cas de reflux gastro-œsophagiens.
Le reflux iléo-caecal ou la dysfonction de la valve iléo-caecale
La valve iléo-caecale est la jonction entre l’intestin grêle et le gros intestin ou colon. Elle empêche les matières du colon de remonter dans le grêle. Si la pression de la valve est insuffisante, il peut se produire un reflux.
L’insuffisance de production d’enzymes pancréatiques
Les aliments sont insuffisamment découpés, surtout les aliments glucidiques.
L’insuffisance biliaire
La bile contribue au transit intestinal et un déficit en bile ralentit le transit.
L’hypersensibilité au gluten
En cas de SIBO, une hypersensibilité au gluten semble souvent associée. Bien que tous les mécanismes ne soient pas compris, l'hypersensibilité au gluten semble altérer la structure de la muqueuse intestinale.
Suites d’opérations chirurgicales
Des opérations de la sphère gastro-intestinale ou de la sphère gynécologique peuvent provoquer des adhérences et modifier la motricité de l’intestin.
L’utilisation excessive ou abusive de certains médicaments
L’utilisation récurrente des antibiotiques à large spectre favorise un appauvrissement et un déséquilibre du microbiote et peut provoquer l'apparition de ce trouble.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP, traitements très efficaces contre les maladies gastro-oesophagiennes), pris sur le long terme, engendrent une hypochlorhydrie et une pullulation bactérienne. Les traitements par IPP sont normalement de courte durée mais certaines personnes en prennent sur le long terme.
Les traitements du cancer : chimiothérapie et radiothérapie sont aussi en cause.
Une mastication insuffisante
Une mauvaise mastication peut être un facteur favorisant du SIBO, car elle provoque l’arrivée dans l’intestin grêle d’aliments insuffisamment découpés, donc insuffisamment accessibles à l’action des enzymes digestives. Ces aliments insuffisamment dégradés ne seront pas assimilables par l’intestin mais pourront servir de substrat aux bactéries présentes.
Les bactéries intestinales se nourrissent des aliments fermentescibles apportés par le bol alimentaire. Ainsi, elles peuvent fermenter :
· les sucres simples, à une molécule de sucre, appelés monosaccharides, comme le fructose, contenu dans le sucre de table, le sirop de glucose-fructose (très présent dans les produits transformés), le miel, les fruits,
· les sucres à 2 molécules appelés disaccharides, comme le lactose, sucre du lait contenu dans le lait, le yaourt, les fromages peu fermentés.
· les sucres contenant un petit nombre de molécules appelés oligosaccharides (Fructo-oligosaccharides et Galacto-oligosaccharides), contenus dans les céréales comme le blé, l’orge, le seigle, les légumineuses (petits pois, lentilles, pois chiches, haricots blancs et rouges, cacahuètes) certains légumes (poireaux, ail, oignon, échalote, betterave etc).
· les polyols (mannitol, maltitol, xylitol, sorbitol) contenus dans certains fruits (pommes, poires, mangue etc) et légumes (champignons, chou-fleur) et dans les sucreries et chewing-gums.
Une alimentation riche en glucides favorisera donc le SIBO. Et l’alimentation moderne est particulièrement riche en glucides fermentescibles.
Les toxines contenues dans les aliments
Les aliments conventionnels et transformés peuvent contenir des pesticides, des additifs alimentaires (conservateurs, émulsifiants), des micropolluants divers qui sont susceptibles d’endommager à la fois le microbiote, le mucus digestif et la paroi digestive.
L’alcool
Consommé de manière excessive, c’est un facteur causal ou aggravant car il irrite les parois intestinales.
Le café
C’est un excitant qui accélère le transit, et de ce fait diminue l’absorption des sucres au niveau du grêle. Ceci favorise dans un premier temps la pullulation au niveau du colon, et dans un deuxième temps au niveau du grêle. Dans cette catégorie on trouve aussi les sodas type Coca Cola et les boissons énergisantes.
Chez les enfants
La naissance par césarienne, l’utilisation des laits infantiles versus allaitement maternel sont des facteurs pré-disposants au SIBO.
Le stress
Le stress agit défavorablement de différentes manières.
Il réduit l’afflux sanguin au niveau de l’intestin : celui-ci, moins bien oxygéné, fonctionne et se répare moins bien ; les cellules se contractent ce qui élargit les lésions existantes ainsi que la production d’acide chlorhydrique dans l’estomac, ce qui ne permet plus de détruire aussi efficacement les bactéries du bol alimentaire.
Il modifie la motilité intestinale, en agissant sur le nerf vague et provoque l’arrivée dans l’intestin d’aliments insuffisamment digérés, qui vont favoriser la pullulation bactérienne. Il affecte la croissance des bactéries bénéfiques, Lactobacilles et Bifidobactéries et favorise le développement de bactéries pathogènes.
4) Les traitements naturels et l’alimentation
Les méthodes naturelles combinent plusieurs mesures relatives à l’hygiène de vie globale. Pour traiter ce trouble, l’alimentation est la toute première de ces mesures, avec une phase d’attaque drastique et limitée dans le temps, suivie d’aménagements alimentaires à individualiser et à maintenir dans la durée.
La micronutrition, la phytothérapie, la mycothérapie complètent l’approche alimentaire. L’utilisation des probiotiques est à voir au cas par cas, en effet, s’il y’a SIBO, il y a trop de bactéries dans l’intestin grêle et il n’est pas conseillé d’en ajouter en début de thérapie. Ceci dit, les probiotiques tels que Lactobacilles et Bifidobactéries ont prouvé leur efficacité.
Après un traitement aux antibiotiques de longue durée, il faut même restructurer le microbiote grâce à ces bactéries avant d’opter pour une autre supplémentation en probiotiques.
Si besoin, la gestion du stress, l’exercice, le sommeil sont également pris en compte.
La micronutrition
Une fois les proliférations endiguées, il est nécessaire de combler les carences, de réparer l’intestin, de réparer le mucus, les jonctions serrées. Les micronutriments conseillés pour cela sont :
Le magnésium et les vitamines B6, B9, B12
Ils sont recommandés afin de lutter contre les carences en vitamines du groupe B, en particulier B12 liées au SIBO. Le magnésium agit sur le stress et la motricité de l’intestin.
Les vitamines A et D, les oméga-3
Etant donné que le SIBO favorise les carences en acides gras et vitamines liposolubles, il est nécessaire de se complémenter. Les carences en acides gras oméga-3 peuvent être améliorées en consommant des petits poissons gras, des huiles de lin, cameline, colza, des graines de lin broyées, des noix diverses. Les graines de chia contiennent des oméga-3 mais ne conviennent pas en cas de pathologie auto-immune.
Vérifier le statut en vitamine D, le dosage optimal étant 60 à 70 ng/ml de sang. Sinon, se supplémenter quotidiennement en vitamine D3.
La L-glutamine, la thréonine et le zinc
L-glutamine et thréonine sont des acides aminés présents principalement dans les aliments d’origine animale. Une supplémentation est possible.
Les carences en zinc sont fréquentes et une supplémentation est possible au cas par cas.
Les enzymes digestives
Chez les personnes dont la fonction enzymatique du pancréas est déficiente, la supplémentation en enzymes pancréatiques de synthèse (amylases, lipases, protéases) est recommandée.
La Fucosyl-transférase 2
L'enzyme est impliquée dans la qualité du mucus, certaines personnes produiront peu ou pas l’enzyme Fucosyl-transférase 2.
Des tests ont récemment été mis au point et permettent de savoir si l’on est déficient en cette enzyme, auquel cas il est possible de se supplémenter en Fut-02.
La phytothérapie ou utilisation des plantes
Les plantes drainantes du système hépato-biliaire, comme le chardon-Marie, l’artichaut, le radis noir, le pissenlit, le boldo, la fumeterre aident à réguler le fonctionnement de ces organes, souvent surchargés et fortement sollicités par le relargage des toxines bactériennes.
Les plantes amères, comme la feuille d’artichaut, la gentiane, la centaurée, la chicorée, agissent sur la tonicité des muscles lisses du système digestif et sur les secrétions enzymatiques et digestives : estomac, pancréas, foie, vésicule biliaire.
Les plantes contenant de la berbérine ont des vertus antiseptiques et agissent contre la dysbiose et la candidose.
Les plantes anti-inflammatoires : le curcuma ou le gingembre.
L’ail (allium Sativa)
L’allicine, substance contenue dans l’ail, est conseillée en cas de SIBO, pour ses propriétés anti-bactériennes, antifongiques, antivirales et antioxydantes. Son action est sélective.
La dose recommandée est de 2, 75 g d’ail cru par jour ou 8,5 g de poudre d’ail séché par jour, de préférence cru.
Les huiles essentielles
Les huiles essentielles de coriandre, menthe poivrée, mélisse, origan vulgaire, origan compact, sarriette, thym, clou de girofle ont des propriétés anti bactériennes et souvent des propriétés antifongiques.
Les huiles essentielles de carvi (Carum carvi), et de Lavande vraie (Lavandula angustifolia) ont une activité antibactérienne sélective contre certains pathogènes (Candida albicans, Clostridium spp, Bacteroidesfragilis) tout en préservant les « bonnes » bactéries (Lactobacilles et Bifidobactéries).
L’HE d’origan vulgaire a des propriétés antibactériennes, antifongiques, anti-oxydantes.
Cependant, les huiles essentielles peuvent être caustiques pour les muqueuses gastriques et intestinales fragilisées et ne doivent pas être ingérées pures. Il faut donc impérativement consulter votre naturopathe afin de savoir comment les utiliser.
L’extrait de pépins de pamplemousse
L’EPP a des effets antibiotiques à large spectre, antifongiques, anti-protozoaires. Il décime toutes les populations bactériennes, qu’elles soient pathogènes ou bénéfiques.
La propolis
Elle a des vertus antibactériennes, antifongiques, antivirales et immunostimulantes. Elle est active contre E. Coli. Elle répare le mucus intestinal, régule positivement la composition du microbiote.
La grenade
La peau de la grenade contient des substances actives antibactériennes, anti-parasitaires et anti-fongiques. De plus, elle n’affecte pas les bactéries commensales « amies », comme les Lactobacilles ou les Bifidobactéries.
Le thé vert
Les polyphénols de thé vert, ont des effets antibactériens, antifongiques (contre candida albicans), préviennent la formation des biofilms bactériens et fongiques et luttent de façon efficace contre les biofilms installés.
La mycothérapie
L’utilisation de certains champignons alimentaires, sous forme de poudres ou d’extraits de mycélium (les filaments dans le substrat) ou de sporophores (la partie visible et comestible du champignon), représente une approche alternative à la phytothérapie.
Le Ganoderma lucidum, encore appelé « Reishi » ou« Champignon de l’Immortalité », contient plus de 400 substances chimiques différentes, dont des bêta-Glucans et de l’acide ganodérique. Il a des vertus anti-microbiennes, anti-virales, hépato-protectriceset anti-inflammatoires.
Il agit sur la dysbiose, en diminuant le rapport Firmicutes / Bactéroïdetes et les niveaux de Protéobactéries porteuses d’endotoxines. Il maintient l’intégrité de la barrière intestinale et réduit le niveau d’endotoxémie (les lipopolysaccharides des bactéries gram- qui passent dans le sang).
L’exercice
L’activité physique agit sur la stimulation du système gastro-intestinal. En particulier, elle facilite la vidange de l’estomac et permet de lutter contre la constipation.
La gestion du stress
Des techniques respiratoires comme la cohérence cardiaque sont bénéfiques.
L’acupuncture, la méditation, l’hypnose, l’EMDR, le yoga accompagnent efficacement les protocoles nutritionnels et phytothérapiques.
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